Photos Michel Lefrancq
Photographe surréaliste (1916-1974)
1890 - 1930
L'ancêtre des diapositives

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Données techniques
Matériel d'occasion








Musée Duesberg Mons
Jacques Du Broeucq
1505 - 1584










Textes sur les grands photographes présentés au club

Gerda Taro, Robert Capa et le reportage de guerre


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Gerda Taro, de son vrai nom Gerta Pohorylle, est née en 1910 à Stuttgart (Bade-Wurtemberg) dans une famille de la petite classe moyenne juive originaire de Galicie, alors partie de l’ Empire Austro-Hongrois et aujourd’hui partagée entre l’ Ukraine et la Pologne. Elle y passe une jeunesse insouciante et très libre jusqu’en 1929 quand la famille part pour Leipzig. Ses parents s’étaient installés à Stuttgart probablement à la fin de la Première Guerre mondiale et les traités de Versailles (1919) et de Trianon (1920) qui ont bouleversé les frontières de l’Europe centrale en avaient fait des citoyens polonais. De confession juive mais libérale et fort éloignée des milieux orthodoxes, la famille est néanmoins reconnaissable par ses coutumes et son accent comme étant des immigrants juifs récemment arrivés en Allemagne. Dans un volonté d’ intégration, Gerda et ses frères, Oskar et Karl, ont reçu des prénoms typiquement allemands exempts de toute connotation juive. L’ Allemagne des années 20 compte une importante communauté juive présente à tous les nivaux de la société. On sait peu de chose sur l’ éducation qu’ont reçu ses frères, Gerda quant à elle a fait de bonnes études grâce au soutien financier d’une tante qui a notamment payé son séjour dans une pension pour jeunes filles en Suisse et, à Stuttgart, elle fréquente la jeunesse allemande de souche où elle compte de nombreux amis.

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André Friedmann est né le 22 octobre 1913 à Budapest dans une famille de la bourgeoisie juive non pratiquante. Ses parents sont propriétaires d’un atelier de couture. Il est atteint de polydactylie (petit doigt supplémentaire à l’ une des mains), et sa mère y voit l’ annonce d’un destin hors normes.
Il fait de bonnes études mais a une adolescence agitée, fréquentant les milieux communistes révolutionnaires qu’ inspire son maître à penser, l’ écrivain Lajos Kassák. À l’ âge de dix-sept ans il est arrêté pour avoir participé aux activités antifascistes d’ étudiants de gauche. Le régime autoritaire de l’amiral Horthy le libère à la condition de quitter la Hongrie. Il part en juillet 1931 pour Berlin où il se donne pour objectif de faire carrière dans le journalisme. Grâce à son amie d’enfance exilée Eva Besnyö, il trouve un premier travail comme apprenti dans une agence photographique berlinoise. Bien qu’il ne soit pas passionné par la photographie, il se lance dans cette voie car c’est le métier qui ressemble le plus au journalisme pour ce jeune homme qui ne parle pas allemand. Parallèlement, il s’ inscrit à la Deutsche Hochschule für Politik pour suivre des études de sciences politiques de 1931 à 1937. Il s’ y ennuie et manque d’ argent car ses parents ont été ruinés par la Grande Dépression de 1929.

Il fait la connaissance de Simon Guttmann, patron de l’ agence Dephot (DEutscher PHOTodienst). L’ agence lui fournit un appareil Leica pour travailler comme assistant et réaliser des reportages sur le quotidien de Berlin, puis lui donne l’ occasion de couvrir son premier sujet, Léon Trotsky venu à Copenhague en novembre 1932 à l’ invitation de l’ association des étudiants sociaux-démocrates pour donner une conférence sur la révolution russe. Le magazine Der Welt Spiegel publie ses clichés.

Il quitte l’ Allemagne en 1933 à l’arrivée de Hitler au pouvoir et arrive à Paris à l’ automne avec un ami, Csiki Weisz.

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La représentation de la guerre

La guerre est un sujet de création plastique et de fascination universel. Depuis la plus haute antiquité guerres et conquêtes ont été représentées par des artistes à des fins et avec des moyens divers. Des reliefs du « Tombeau d’Alexandre » vers 350 A.C. aux « Désastres » de Francisco de Goya en 1810-1815, en passant par la « Tapisserie de la reine Mathilde » (1066) ou « Les grandes misères de la guerre » de Jacques Callot (1633), l’ illustration des conflits entre groupes humains n’ a jamais cessé. Il faut toutefois attendre le milieu du XIXe siècle et l’apparition de la photographie pour que la notion de reportage en images apparaisse et que le regard sur la guerre prenne une nouvelle dimension. Les artistes, peintres, sculpteurs, graveurs, racontaient une épopée et montraient des actes héroïques, plus tard ils ont dénoncés les horreurs de la guerre avec des images soigneusement composées tirées en grande partie de leur imagination. Il y eût quelques exceptions durant la Première Guerre mondiale, la dernière à être illustrée par les peintres ou dessinateurs à des fins de compte rendu dans la presse. Les artistes, ayant participé aux combats ou non, continueront bien entendu a être inspiré par le sujet mais ce sera alors indépendamment de tout objectif de reportage d’actualité. Parmi tant d’ autres oeuvres inspirées par la guerre, on peut ainsi citer la très impressionnante série de 50 gravures Der Krieg de Otto Dix, qui a combattu en Flandre, publiée en 1924, ou le Guernica de Picasso peint en 1937.

Avec la photographie, considérée à ses débuts comme totalement objective et véridique, le combat et ses conséquences s’ imposent plus violemment au public : la réalité peut être jetée à la face du spectateur, pour autant que le photographe en ait la volonté et qu’ on lui en laisse la liberté. La photographie annihile des siècles de narration guerrière. Jusque là, la guerre était une épopée, l’image illustrait la geste héroïque  ; désormais le combat n’ est plus magnifié, plus d’héroïsme, plus de victoire, il ne reste que la défaite des hommes et le bouleversement de la nature. Mais une question demeure : la photographie peut-elle représenter une bataille ? Elle isole le plus souvent un détail incompréhensible. Le photographe est soit trop loin de l’action pour pouvoir en rendre compte, soit soit trop près et il et il n’en voit qu’un infime fragment. Il est comme Fabrice del Dongo à Waterloo, perdu dans la tourmente et jouet des événements.

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Les débuts : la Guerre de Crimée (1853-1856)

On considère généralement que le reportage de guerre est apparu durant la Guerre de Crimée, lorsque Roger Fenton a été mandaté par la reine Victoria pour rendre compte du conflit.

Il s’ embarque à destination de la Crimée en février 1855 avec un assistant, un cuisinier, 36 coffres de matériel et une ancienne carriole de marchand de vin transformée en roulotte-laboratoire blindée. Il emporte cinq chambres photographiques et 700 plaques de verre.

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